Selon les chiffres du Service public fédéral Économie, les primes pour l'assurance automobile obligatoire (RC auto) ont reculé en moyenne de 1,9 % au cours des derniers mois alors que celles de l'assurance incendie ont augmenté de 5,9 %. Comment cela s'explique-t-il ?
Une première raison est que les compagnies d'assurances ne sont pas tenues de respecter des règles « légales » pour déterminer le prix d'une assurance auto. La « libre » concurrence joue davantage. En revanche, l'assurance incendie doit suivre l'indice ABEX. L'indice ABEX reflète la moyenne nationale et l'évolution des prix de la construction des bâtiments et des logements privés. Il prend en compte notamment le prix des matériaux de base, de la main-d'œuvre et des différences qui existent entre les régions. En mai 2018, l'indice ABEX s'élevait à 789, en mai 2019 il était de 819, ce qui représente une augmentation de près de 3,9 %. De par la liaison à l'indice ABEX, la compagnie d'assurances peut verser une indemnisation basée sur la valeur de reconstruction, pour autant qu'il n'y ait pas de sous-assurance.
Cette divergence s'explique aussi par les statistiques de sinistralité qui constituent la base du calcul de la prime d'assurance. Dans la branche auto, par exemple, cette sinistralité s'est fortement améliorée ces dix dernières années. En 2010, la fréquence se situait encore à 7,21. En clair, cette année-là, sur 1 000 voitures assurées en RC (responsabilité civile) 72 ont provoqué un sinistre. En 2017, cette fréquence n'était plus que de 5,98. Donc, pour 1 000 voitures assurées, moins de 60 dossiers de sinistre ont été introduits. Cette baisse de la sinistralité est due, entre autres, à une meilleure infrastructure routière, aux campagnes de sensibilisation sur la sécurité et aux systèmes d'aide à la conduite dans les véhicules.
En revanche, la sinistralité de l'assurance incendie s'est fortement aggravée en raison des dégâts provoqués par les catastrophes naturelles. Pour les dégâts provoqués par les tempêtes du mois de mars, les compagnies d'assurances belges ont versé plus de 200 millions d’euros à leurs clients. Et, en juin, de nouvelles tempêtes et intempéries coûteront à nouveau beaucoup d'argent aux assureurs. Il va de soi que ces coûts ont une incidence sur les primes d'assurance. Si les dégâts causés par des catastrophes naturelles étaient plutôt exceptionnels il y a une décennie - avec un événement annuel tout au plus -, ils ont tendance à présent à se produire plusieurs fois par an.
Une troisième raison est l'évolution des garanties dans l'assurance incendie. L'assurance incendie se profile de plus en plus comme une assurance habitation comprenant des garanties étendues et souvent des options payantes supplémentaires, comme une couverture contre le cambriolage et les dégâts au jardin (qui peut contenir de nombreux éléments). Les clients sont de plus en plus nombreux à choisir ces options, ce qui renchérit bien entendu le coût de l'assurance incendie. Proposer des garanties étendues contribue également à détériorer les statistiques de la sinistralité. Certaines compagnies proposent ainsi de couvrir le kot de l'enfant qui étudie, les dégâts à l'ordinateur portable et même les dommages au logiciel après un court-circuit.
Moralité de l’histoire : l'assurance incendie, ou plutôt l'assurance logement, n'est pas une couverture « taille unique ». Une maison mitoyenne n'a pas besoin des mêmes garanties qu'une villa donnant sur un grand jardin aménagé et une piscine. Les jeunes locataires d'un appartement doivent souscrire une autre assurance que les propriétaires d'une villa, etc. Compte tenu de la diversité des garanties proposées (moyennant une surprime ou non) par les différentes compagnies, il est toujours conseillé d'analyser au préalable le risque afin de pouvoir contracter l'assurance appropriée.